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http://archives.tsr.ch/player/terroir-peche

Dans la première séquence, il y amon grand-père Marcel Delley avec son légendaire chapeau.

Ce magnifique reportage sur les joies et les peines des pêcheurs du lac de Neuchâtel constitue un important témoignage sur une profession qui a subi de profondes mutations jusqu'à nos jours. C'est ainsi que l'on peut observer les conditions de vie des pêcheurs, ainsi que des activités liées à ce métier comme le fumage des bondelles ou la pisciculture.

Cela fait chaud au coeur de revoir ces pêcheurs dont mon grand-père. Je suis pêcheur moi aussi. Je retrouve dans leurs propos, les mêmes inquiétudes, soucis, et joie de faire ce dur et beau métier que je pratique depuis 1980 (3ème génération).

 


http://www.eau21.ch/PecheNeuch.htm

Programme Eau 21

TONEL PACIFICO

Passion de la pêche
sur la rive sud du lac de Neuchâtel.....


balade_en_caleche.pdf article Terre et Nature sur les calèches nature et saveurs....


le_lac_10.08.pdf   Journal le Lac un article me concernant en page 8...


http://www.lagruyere.ch/fr/le-journal/les-editions/2007/20070830/magazine-20070830.html

Dans la peau d'un… pêcheur professionnel...

J’ai embrassé l’aube d’été

Il faut se lever très tôt, ça fait mal aux bras, mais on assiste au spectacle magique d’un lever de soleil sur le lac. Pour ce dernier épisode de la série «Dans la peau de…» découverte de la beauté et des difficultés de la pêche professionnelle...


http://www.grande-caricaie.ch/spip/spip.php?rubrique118

Produits du terroir
Plusieurs pêcheurs et agriculteurs de la rive ont mis en place des petites structures de vente de leurs produits. Une belle opportunité de les rencontrer et de se procurer de magnifiques produits...

http://www.pecherie.ch/Articles/Terre/TerreEtNature.htm

31 Mars 2005 - LACS ROMANDS  Du poisson autrement   J.-P. Mac/M.D./A.D.

Le brochet est le préféré de Henri-Daniel Champier. Claude Delley fume secrètement la bondelle. Pierre Schaer tient les vengerons en grande estime. Embarquement immédiat avec trois pêcheurs, à la conquête d’autres délices de nos lacs que la perche...


Place de Cornavin 3
Case postale 2570
1211 Genève 2
tel: +41(0)22 799.58.58
fax: +41(0)22 799.58.59
Du petit bonheur de la pêche aux aurores
   
 
Pêcheur professionnel à Portalban, Claude Delley emmène chaque jour un ou plusieurs passagers partager sa passion sur le lac de Neuchâtel. L'occasion de rencontrer de plus près perches, bondelles et brochets.

 
Anouch Seydtaghia
Samedi 19 juillet 2003


 
Quatre heures dix. La lune a beau être pleine, il fait sombre sur ce petit chemin de terre qui serpente dans le sous-bois. Soudain, une petite baraque de pêcheur surgit dans la nuit. La lumière s'allume, et un solide gaillard de deux mètres apparaît. «Ah, mais vous êtes même en avance!» Poignée de main ferme, sourire franc, Claude Delley a le don de réchauffer immédiatement son visiteur rafraîchi par la légère brise matinale. Perdu au milieu des roseaux de la Grande Cariçaie, à Portalban, le minuscule port où est basé le pêcheur ne compte que trois cabanons. Claude Delley pénètre dans le plus grand, décroche une poignée de filets, puis retire un cageot rempli de glace de la chambre froide. Le temps d'ajuster un grand tablier jaune, nous voilà à bord du Zouzou, son bateau de neuf mètres.

  Quelques manœuvres rapides dans le port, et l'embarcation file vers le nord du lac de Neuchâtel en direction de Chabrey. Il est 4 h 45, et le ciel commence déjà à rosir. La première partie de la pêche, Claude Delley la consacrera à la perche. «Elles devraient être en train de remonter le courant. Je vais tenter ma chance!» La chance, il en aura besoin. Alors que les bondelles foisonnent, les perches, qui se vendent deux fois plus cher (plus de 40 francs le kilo de filet), se font rares cette année. «Les gens sont prêts à payer n'importe quoi pour en manger, ils ne s'intéressent pas aux autres poissons.» Claude Delley déploie rapidement, à quelques centaines de mètres les uns des autres, huit filets semblables à de très longs rideaux. Suivie par une mouette intriguée, son embarcation slalome doucement entre quelques bateaux de plaisance assoupis. «Il faudra absolument que je relève mes filets avant 9 heures, sinon ils risquent de me les déchirer.»

Alors qu'un extraordinaire lever de soleil embrase l'horizon, le bateau file vers le sud où l'on part relever quatre filets à bondelles immergés en eau profonde. Un à un, Claude Delley arrache aux mailles les poissons qui frétillent. Des bondelles pour la plupart, mais aussi des intrus, tel ce petit brochet ou cette poignée de vengerons, rendus au lac. Remis à l'eau, les filets auront permis de remplir deux cageots entiers, immédiatement recouverts de glace.

Il est 6 heures, Claude Delley retourne au port pour déposer ses premières prises en chambre froide et embarquer une nouvelle recrue. A 10 ans, son fils Cyrille sait exactement ce qu'il veut faire: «Pêcheur!» Il sera le quatrième de la lignée, mais son père lui imposera «d'apprendre un autre métier». Le soleil est déjà haut dans le ciel, il est temps de relever les filets à perches mis à l'eau il y a trois heures. Si Claude Delley fronce les sourcils en inspectant les deux premiers, son sourire reviendra au troisième, dans lequel s'agitent des dizaines de poissons. «Regardez, c'est une grand-mère de 5 ou 6 ans, elle a déjà eu des petits-fils», affirme le pêcheur en montrant une perche au gabarit imposant. Avec ce lac très calme, relever les filets est aisé. Par contre, le démaillage requiert des doigts de fée et une solide expérience, sous peine de passer de longues minutes à extraire un malheureux poisson de son piège. Fort de plusieurs mois d'expérience, Cyrille commence à bien se débrouiller.

De retour au port, une fois 15 kilos de perches et les 40 kilos de bondelles déchargés, Claude Delley s'occupera de fumer lui-même les bondelles pêchées la veille. Son poisson, il le vendra à des restaurants, mais aussi le samedi au marché de Neuchâtel. Cet après-midi, il préparera les poissons, assemblera quelques filets et effectuera quelques réparations. «J'ai la pêche dans le sang. Que je pêche 20 ou 100 kilos de poissons, je suis tout autant heureux. Et mes vacances, je les passe sur le lac!»
Participer à la pêche
La matinée de pêche, qui débute avant l'aube, est gratuite. Réserver à l'avance au 079/634 70 30, ou sur www.delley.ch

Pour s'y rendre: sortir de l'autoroute à Avenches, prendre la direction de Cudrefin. Arrivé à la bifurcation de Villars-le-Grand, prendre la direction de Saint-Aubin sur la gauche. Au giratoire du centre du village, monter en direction de Delley sur la droite. Arrivé à Delley tourner à droite au giratoire en direction de Portalban. Prendre la direction du port, entrer dans un parc, continuer tout droit. Tourner au giratoire à droite, continuer sur une centaine de mètres puis tourner à gauche. C'est la première baraque en arrivant.
© Le Temps, 2003 . Droits de reproduction et de diffusion réservés.
 

 

 


L'Express

Jeudi 3 Août 2000

Photos et Texte Hélène Koch

 

Pêche Départ très matinal pour traquer perches et bondelles

Pêcheur professionnel sur le lac de Neuchâtel, Claude Delley part très tôt. Récit d'une matinée de pêche commencée au clair de lune.


Départ au claire de lune pour capturer perches et bondelles

Pour Claude Delley, les journées commencent bien avant l'aube. Habitant à Portalban, il fait partie de la quarantaine de pêcheurs professionnels du lac de Neuchâtel. C'est en été qu'il travail le plus, la belle saison étant celle de la pêche commerciale. Récit d'une matinée de pêche commencée au clair de lune.

Il est quatre heures du matin lorsque l'embarcation de pêche quitte Portalban. Le clair de lune est magnifique, mais pour capturer la bondelle, c'est plutôt mauvais. "Les poissons voient les filets", explique Claude Delley, pêcheur professionnel. Il commence par immerger quatre filets à perches au large du village avant de traverser le lac pour aller relever les nasses et les six filets déjà posés du côté de Neuchâtel.

Le bateau est équipé d'un radar qui lui permet de voir les bateaux de plaisance. "Moi, je ne risque pas grand-chose, c'est plutôt eux". L'embarcation est aussi munie d'un sonar indiquant la profondeur, un simple plus pour Claude Delley. Avec son père et son grand-père, il a appris à s'orienter d'après les nombreuses lumières autour du lac et sait à quels endroits tendre ses filets.

Reste que la pêche n'est pas une science exacte et l'on ne sait jamais la quantité de poissons que l'on va remonter. Arrivé au large de la ville endormie, Claude Delley commence par relever les nasses. La première émerge des eaux noires, révélant  une quinzaine de perches qui paraissent bien perdues dans la vaste cage. la seconde nasse ne contient rien. Au final, la pêche est maigre, alors qu'une bonne quantité de poissons frétillent dans les filets.

Il fait encore nuit lorsque Claude Delley remonte ses nasses à perches. Celles-ci sont presque vides.

Tandis que le jours se lève peu à peu, Claude Delley remet le cap sur Portalban. pendant le trajet, il profite de démailler, c'est à dire d'extraire le maximum de perche du filet. Le port des gants est obligatoire pour ce travail, les perches ayant une nageoire dorsale coupante.

Au large de Portalban il relève quatre filets à bondelles. Avec une vingtaine de kilos, la pêche est effectivement médiocre. Il y en aurait probablement eu davantage sans la lune. Le pêcheur fait ensuite une brève escale à Portalban pour décharger les poissons afin qu'ils soien6t déjà préparés. Ce sera tout ça de gagné au niveau temps.

Son fils de huit ans est là, encore un peu ensommeillé mais fin prêt pour embarquer. Il est tout juste 8h lorsque le bateau repart, pour relever les quatre derniers filets à perches posés au début. Il est temps, car les plus matinaux des bateaux de plaisance commencent à naviguer, ce qui peut mettre en danger les filets.

Au total la pêche est bonne, avec 40 kilos de perches et 20 kilos de bondelles, mais la journée est loin d'être terminée. Après un petit déjeuner en famille commence le travail le plus long, la préparation de la pêche, les écailler et enfin les tailler, autrement dit, transformer le bête en filets. Tous ces travaux occuperont Claude Delley, sa femme et sa mère jusqu'à six heures du soir, avec juste une pause pour manger. Autant dire que le pêcheur dort très peu à la belle saison."Une pêche comme ça tous les jours, ce serait excellent, sauf qu'on ne tiendrait pas ce rythme tout l'été".

Les filets, en revanche,  ramènent beaucoup de perches et, l'un dans l'autre, la pêche est bonne.

Pêche sur internet

"Quand j'avais huit ou neuf an, j'ai piqué un filet à mon père et suis allé le tendre près des roseau avec un copain", se souvient Claude Delley, devenu pêcheur comme son père et son grand-père. L'aventure s'était terminée en queue de poisson, avec un filet complètement déchiré et ne belle colère du père.

Passionné par son métier Claude Delley à créé un site internet sur la pêche dans le lac de Neuchâtel ( www.delley.ch) (cldelley@bluewin.ch) et emmène volontiers des gens sur son bateau pour une matinée de pêche.

Les règles varient au fils des jours

A certains égards, le règlement de la pêche professionnel sur le lac de Neuchâtel est presque aussi changeant que la météo. Ces jours par exemple, les pêcheurs peuvent tendrent leurs filets jusqu'à 15m de profondeur pour attraper les perches. Il y a un peut plus d'une semaine, ils pouvaient aller jusqu'à 10 m seulement.

Les adaptations se font ainsi avec rapidité, notamment en fonction  des températures, qui incitent le poisson à se rapprocher plus ou moins de la surface. Les règles de base, en revanche, ne restent stables, comme le nombres maximum de nasses et de filets que chaque pêcheur peut avoir au lac pour la capture des perches, à savoir dix de chaque.

Reste une idée de Pro natura qui préoccupe Claude Delley, pêcheur professionnel:" Ils voudraient imposer un règlement obligeant à tuer les poissons au fur et à mesure qu'on les sort. ça nous prendrait des heures". Assommer une à une les dizaines et les dizaines de perches sorties par un filet prendrait de fait un temps énorme. Actuellement, ils sont 42 pêcheurs professionnels à poser leurs filets dans le lac de Neuchâtel, contre plus d'une centaine à une certaine époques. Mais les deux chiffres sont difficilement comparables. Avant il s'agissait plutôt d'une activité saisonnière, de gens qui avaient une ferme  à côté par exemple, alors que les pêcheurs actuels sont sur le lac toute l'année. A la belle saison, c'est la pêche commerciale qui les occupe, tandis que les mois d'hiver sont consacrés à la capture de reproducteurs pour la pisciculture.

Prospérité en eaux troubles

Les lacs le moins pollués ne sont pas forcément les plus poissonneux."Dans les années 80, la pêche était très bonne car le lac était très sale", explique Arthur Fiechter, inspecteur cantonal de la faune. Une eau pleine de phosphates provoque l'apparition d'un plancton surabondant, où les poissons trouvent davantage à manger.

"On a eu une année record en 1985. On sortait cent kilos de perches par jours", se souvient Claude Delley, pêcheur depuis 20 ans. Durant la décennie suivante, il a vu fondre tout l'argent qu'il avait mis de côté, au fils des années de mauvaise pêche.

A présent, la situation est de nouveau bonne. " C'est la meilleure années depuis 1991", se réjouit le pêcheur. Les conditions météo y sont pour beaucoup, avec un hiver froid qui a bien nettoyé les algues qui lestaient et déchiraient les filets, suivi d'un printemps doux qui a vu les poissons proliférer. A cela il faut ajouter le succès des programmes de repeuplement menés par la pisciculture.

En fait la situation s'est améliorée en 1999 déjà. Avec 135 tonnes de bondelles sorties du lac, la pêche était très en dessus de la moyenne annuelle, qui est de 104 tonnes. Avec seulement 63 tonnes de perches, en revanche, la pêche est nettement en dessous de la moyenne, soit 73 tonnes. Or. s'est une situation inverse que préfèrent les pêcheurs, car palées et bondelles sont un peu dédaignées par le consommateur, contrairement au perches.

Le retour de l'abondance cache une différence: dans un lac désormais plus propre, la croissance des poissons est moins rapide. Au bout d'un an, les jeunes perches ont la taille d'un doigt, alors qu'à la grande époque des phosphates, elles atteignaient déjà une quinzaine de centimètres de long, c'est-à-dire une taille commercialisable.  

 HEK


 

http://www.largeur.com/?p=2409

LATITUDES

 
 
poisson MERCREDI 15 AOÛT 2007
L’arnaque est dans la perche
Grand classique des terrasses estivales, le filet de perche s’est imposé comme un plat national suisse. Certains restaurateurs en profitent pour maximiser les marges en servant du poisson importé hors de prix, gras et sans saveur.
Par Sylvain Menétrey

Feriez-vous une fondue avec du Gouda dans un alpage valaisan? Ce qui paraît une aberration l’hiver, ne semble plus gêner quiconque l’été venu. Spécialité bien de chez nous, le filet de perche n’a plus guère que son prix d’helvétique.

Selon les estimations de Claude Delley, pêcheur à Portalban (NE), nous mangeons en réalité à peine plus de 3% de perches romandes dans nos restaurants. La faute au succès qui ne se dément pas pour le poisson tigré. Les petites quantités que les pêcheurs prennent chaque semaine dans leurs filets ne suffisent pas à honorer l’appétit pour ce plat traditionnel. Au meilleur de l’année, c’est-à-dire en juin-juillet juste après la fraie, un pêcheur du Léman peut tirer jusqu’à 100 kilos de perches entières du lac. Juste de quoi alimenter deux soirs de suite une auberge du bord du lac qui sert le petit poisson à la chaîne.

«Quand il fait beau, nous faisons une centaine de couverts par jour», estime Pierre Bourloud, patron de la buvette de la plage de Perroy (VD). Même si sa carte mentionne aussi des filets suisses, le restaurateur opte donc pour des filets frais ou surgelés en provenance d’Europe de l’Est et de Finlande. Comme dans de nombreux restaurants de plage, l’assiette est facturée 36 francs bien sonnés, avec frites, sauce tartare et buffet de salade.

«Les prix de la perche fraîche de l’Est fluctuent entre 28 et 42 francs le kilo selon les lois de l’offre et de la demande, explique Dominique Lucas, patron de Lucas Poissons à Carouge. Mais on trouve sur le marché du congelé à 15 francs.» Soit quatre fois moins cher que la perche lémanique, qui se négocie entre 50 et 60 francs le kilo. Certains restaurateurs ont donc trouvé un moyen facile de maximiser les marges: facturer au prix de la perche suisse une assiette qui compte généralement 180 grammes de filets estoniens (soit l’équivalent de 2,70 francs de poissons).

Car si, au restaurant, la perche du Léman reste rare, elle existe et n’est pas forcément vendue plus chère: l’assiette est à 36 francs au Casanova dans la rade de Genève, ou à 39 francs au Gabrien de Carouge. Mais certains restaurants ne se privent pas d’augmenter encore considérablement leur marge en proposant une assiette de filets importés à plus de quarante francs comme au Bistropôle ou au restaurant de l’Hôtel d’Angleterre. «Une assiette de filets importés à plus de 30 francs, c’est du vol, il n’y a pas d’autre mot», s’insurge un restaurateur genevois choqué par ces pratiques.

Pour mieux refiler leur marchandise importée, certains restaurants mentent par omission, l’appellation «poisson du lac» sur leur carte renvoyant parfois à des plans d’eau forts éloignés… Une pratique que les inspecteurs de la sûreté alimentaire bannissent par des amendes: «Ils interviennent sur les terrasses du bord du lac. Dans les terres, l’appellation est tolérée», explique l’attachée de presse de Gastrosuisse. Au contraire de la viande, l’indication de la provenance du poisson n’est pas exigée. «Les gens achètent une atmosphère: l’été, la terrasse, le filet de perche et 3dl d’un mauvais chasselas», ironise le critique gastronomique genevois Jean-Luc Ingold qui n’en mange presque plus depuis longtemps. Qu’importe la provenance donc, pourvu qu’on ait l’ambiance.

Et pas facile de déceler une origine au goût. Même les spécialistes hésitent souvent à se prononcer, bien que de petites différences existent: «La perche, un poisson peu typé, prend le goût de l’eau dans laquelle elle vit. Dans les flots saumâtres du Nord, elle peut avoir une saveur ‘crevettée’», note Claude Delley. C’est surtout par la fraîcheur que le poisson suisse se distingue: «Le poisson pêché aujourd’hui est taillé le lendemain et mangé le surlendemain.» Mais, depuis vingt ans que la perche importée inonde le marché suisse, la clientèle s’est habituée au goût du poisson étranger. Elle aurait même tendance à préférer la perche russe, car plus petite que sa congénère helvétique qui prospère gaiement dans l’eau claire. De manière générale, on attribue justement le succès de l’animal à sa chair peu aromatique. Au contraire d’autres poissons lacustre comme la féra et l’omble chevalier, elle plaît à des gens qui n’apprécient pas foncièrement le poisson. «C’est le goût de friture et du beurre qui séduit le mangeur de perches, pas le goût du poisson», résume un cuisinier genevois avec un brin de provocation.

Suisse ou étranger, le filet de perche n’est d’ailleurs pas recommandé pour ses valeurs nutritives. La diététicienne Claire Monai, de Belmont-sur-Lausanne le résume en une formule: «C’est l’équivalent d’un Big Mac».
«En tant que tel, le poisson n’est pas mauvais, poursuit-elle. Mais la technique de cuisson dans un bain de friture ou à la meunière l’alourdit terriblement. L’huile peut aussi subir une altération si la friture s’effectue à trop haute température. Servi avec des frites et une sauce tartare: c’est la totale.» La teneur inconnue en métaux lourds des poissons des pays de l’Est inquiète également la diététicienne.

Quoi qu’il en soit, les pieds en éventail sur les plages romandes, les clients ne se posent pas trop ce genre de questions avant de gober les petits poissons huileux. Voilà qui n’excuse cependant pas les restaurateurs de leur faire avaler n’importe quoi. Comme dit le critique Jean-Luc Ingold, «l’honnêteté voudrait qu’ils inscrivent ‘Filets de perche congelés de Pologne’ sur la carte.» Même si c’est moins vendeur.

 

Texte et photos tirés du journal d'Estavayer,   du vendredi 11 septembre 1998

Journaliste: Béatrice Schulé

 
 

Portalban

Claude Delley et le métier de pêcheur: une histoire d'amour!

Nous avons quitté les rives de Portalban pour accompagner le pêcheur Claude Delley sur le lac, la semaine dernière. Le premier jour, c'est le mauvais temps et sa grisaille qui nous attendaient. La pêche ne fut pas miraculeuse. Mais le lendemain, les doux reflets du soleil inondaient à nouveau les vagues et de nombreux poissons étaient pris dans les filets. C'est comme ça, le métier de pêcheur. On ne sait jamais ce qu'on va trouver. "On peut rentrer au port avec deux mille francs de dégâts, cent kilos de poissons ou rien du tout", affirme Claude Delley. "Mais moi, comme je suis là-dedans depuis tout petit, je ne vois plus la différence". Un peu comme le couple qui fête ses 20 ans de mariage...

Départ sur le lac

Jeudi 4 septembre. A 5h30 du matin, on ne voit pas grand chose parmi les cabanes du port de pêche, à Portalban. Il fait encore nuit. Une fine pluie commence à tomber. Claude Delley apparaît soudain, en ciré jaune et orange. Il s'affaire près de son bateau. En sentant la brise, il sait déjà que la pêche ne sera pas une partie de plaisir. L'hydrojet baptisé "Zouzou" quitte le rivage et suit la trajectoire indiquée sur le radar, dans la cabine de pilotage. "Sur l'écran, je peux me repérer en cas de brouillard ou chercher mes filets quand il fait nuit", explique Claude Delley. On navigue en direction de Gletterens. Le radar est parsemé de petites taches vert fluo. Ce sont les filets. Arrivé au bon endroit, le pêcheur stabilise le bateau. A l'aide d'un moulinet, il tire hors de l'eau le piège qui se trouvait à 25 mètres de profondeur. Petit à petit, des poissons gris argenté pris dans les mailles apparaissent, juste en dessous des vagues. Claude Delley décroche au fur et à mesure les bondelles, qui finiront de frétiller dans une caisse.

Après avoir reverché trois filets, l'hydrojet repart vers Portalban. La pluie troue le lac et le vent souffle plus fort, contraignant l'embarcation à longer les rives de Cudrefin. Le bateau tangue, c'est pire qu'en carrousel. Mais pour le pêcheur, c'est la routine. "Je suis né avec un lac dans ma poche!" lance-t-il en riant. "Chez nous, c'est génétique...".

Dur métier que celui de pêcheur

Sur le bateau, deux caisses contiennent des poissons. L'une d'elle est pleine.

 

La prise est bonne aujourd'hui?

- C'est très moyen. Là, il y a environ 30 kilos de bondelles.

Des goélands planent au-dessus du bateau. "Ils attendent la dîme", dit le pêcheur. "Le pire, ce sont les cormorans. Ils plongent à 10-12 mètres de profondeur et font des trous béants dans les filets, qui sont la richesse du pêcheur".

 

Combien avez-vous de filets en stock?

- Environ quatre cents. J'ai eu la chance de pouvoir reprendre le matériel de pêche de mon père. C'est très dur de se lancer dans la profession sans avoir ce capital de base. Et chaque année, je dois racheter du matériel pour environ 10 à 12000 francs.

 

Vous allez tous les jours sur le lac?

- Pratiquement. Le samedi, je vais à Neuchâtel, vendre une partie de mon poisson au marché. Sinon je l'écoule au détail à Portalban ou chez un marchand, à Estavayer.

 

Vous pêchez aussi l'hiver?

- Toute l'année. Le poisson, il faut le prendre quand il est là. En hiver, c'est moins stressant, car on ne va pas aussi tôt sur le lac. Mais il fait plus froid. Vous savez, le pêcheur est un peu comme une fourmi. Il doit faire des réserves en prévision des années creuses...

Arrivé au port, Claude Delley transporte ses caisses de poissons dans une chambre froide, avant de repartir sur le lac, direction Neuchâtel. Entre-temps, Anne-Marie Delley, sa maman, viendra chercher les bondelles qu'elle transformera en filets. D'autres seront destinées au fumoir, tout embaumées d'épices.

Après la pluie, le beau temps!

Vendredi 4 septembre. Retour au port des pêcheurs, les intempéries de la veille n'ayant pas favorisé la prise des photos. Cette fois, on peut assister à un magnifique lever de soleil. L'horizon prend des teintes bleutées. Sur le bateau, Claude Delley sort les filets posés du côté de Neuchâtel. La pêche sera aussi belle que le paysage, avec 20 kilos de perches. De temps en temps, on croise d'autres pêcheurs sur le lac. Ils échangent quelques paroles sur la météo ou les poissons, avant de s'éloigner. L'air de rien, ils se surveillent mutuellement, en cas de pépin. Le retour au port est plus rapide que la veille. Une fois à terre, le pêcheur appelle son épouse Liliane, car il a besoin de renfort pour "démailler", c'est-à-dire enlever les perches accrochées dans les filets. "Je ne pourrais pas engager un employé", souligne Claude Delley. "C'est une petite entreprise qui doit être familiale".

bs

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